Partners in Crime
Glen Rubsamen
Commissariat: Caroline Soyez-Petithomme
Vernissage vendredi 21 mars de 18h à 21h
22 mars - 19 avril
ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Le 12 mars 2014,
Quand je suis retourné à Los Angeles après une absence de près de 20 ans, ce qui m’a le plus surpris sont les panneaux d’affichage numériques (logique bien sûr car ils sont beaucoup plus efficaces que les anciens panneaux statiques) et la relation qu’ils entretiennent avec les autres éléments du paysage californien. J’ai rapidement réalisé qu’il était presque impossible de trouver un panneau d’affichage numérique à Los Angeles sans qu’un palmier se glisse dans le cadre de l’image. Les antennes de téléphonie cellulaire, souvent déguisées en arbres, font également partie intégrante de ce paysage post-naturel caractéristique de mon lieu de naissance.
Les panneaux d’affichage sont des supports publicitaires de consommation de masse livrant des images bi-dimensionnelles en constante évolution. Les antennes de téléphonie sont des outils de “services”, au même titre que les lampadaires, les feux rouges, les poteaux électriques ou téléphoniques (sur le plan technologique et par rapport au volume considérable que ces derniers occupent, l’étendue de leur transmission est aujourd’hui moindre) et parmi eux les palmiers ont l’air très anciens (ils ont entre 40 et 100 ans) et font figure de rares êtres vivants tridimensionnels. De cet “accidentel assemblage” résulte l’image d’une nouvelle symbiose “Nature/Culture”.
En réalité, cet ensemble représente trois âges de la publicité. La nature comme publicité : à Los Angeles les palmiers ont été plantés lors de la création de la ville comme un élément de propagande culturelle martelant le côté glamour et exotique du Pacifique, en somme un leurre visuel pour les populations arrivant de l’Ouest. La domination toujours plus accrue de la publicité se poursuit avec la multiplication des panneaux d’affichages dont le texte et l’image atteignent des proportions démesurés et semblent parfois flotter dans les airs, au-dessus des bâtiments et toits-terrasses (ce type de panneau est le plus ancien et date du milieu du 19ème siècle) afin de pouvoir être lus et vus depuis un véhicule. Enfin, la publicité a pu être projetée sur plusieurs kilomètres via des centaines de milliers de smartphones et tablettes desservis par des tours de téléphonie mobile.
Le moindre détail du paysage représenté par ces photographies et peintures est commercial, il est le produit direct des plans de marketing et d’une culture entrepreneuriale outrancière. L’imbrication complexe de ces équipements publicitaires transgénérationnels dans le paysage urbain constituent autant d’opportunités de compositions picturales aléatoires. A cela s’ajoute d’autres critères et circonstances: la direction du soleil, les droits de propriété, la circulation, l’aléatoire des décisions prises par le capitalisme de marché, la fertilité du sol, la classe sociale du passant lambda, la mode et la paresse pour n’en nommer que quelques-uns. Au milieu de la juxtaposition de ces éléments émerge une possibilité de créer une image avec un grand potentiel de vérité.
Mes photographies et peintures n’ont aucune relation entre elles, elles sont des tentatives distinctes mais équivalentes d’exploiter ce potentiel. Elles réussissent autant qu’elles échouent pour des raisons et par des manières différentes et il demeure paradoxalement intéressant de les voir toutes ensemble pour la réalité isolée que chacune représente, à l’instar de portraits d’individus. Et pour conclure: la peinture de l’avion « de chasse » sur le piédestal fonctionne pour moi comme un énième type de panneau d’affichage, une publicité parmi tant d’autres mais sécuritaire, symbole de pouvoir et de nationalisme.
Bons Baisers de L.A,
Glen
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